La Route de la Soie fait rêver plus d'un voyageur. Cette terre mythique des caravanes a depuis longtemps était laissée à l'abandon du commerce mais le tourisme y foisonne maintenant. Avec ses paysages désertiques, ses anciennes cités aujourd'hui en ruines, sa culture diversifiée et son architecture hors du commun, la Route de la Soie compte parmi les voyages incontournables à réaliser en Chine.
Il faut tout d'abord savoir que malgré le terme de « Route de la Soie », il n'y a pas une route mais bien des routes. En effet, c'est tout un réseau de routes commerciales qui serpentait en Chine et en Asie Centrale pour rejoindre l'entrée de l'Europe. Pour être plus exact, le point de départ de la Route de la Soie commençait à Xi'an (anciennement Chang'an, alors capitale de l'Empire du Milieu) et se terminait à Antioche, en Turquie actuelle.
Du côté chinois, la Route de la Soie passe donc par Xi'an et la province du Shaanxi puis par le Gansu et le Xinjiang avant d'atteindre la Perse et l'Inde (aujourd'hui correspondant au Kazakhstan, Kirghizstan, Tadjikistan, Afghanistan et Pakistan).
Au Gansu, les caravanes avaient deux routes possibles pour atteindre le Xinjiang et traverser cette immense province :
- Soit elles passaient par le corridor du Gansu pour contourner le désert du Taklamakan par le nord tout en longeant la chaîne des monts Tianshan
- Soit elles passaient par le sud du désert du Taklamakan et restaient au pied des Monts Kunlun.
La route nord faisait alors passer par les cités bien connues encore aujourd'hui de Turpan, Urumqi, Kuche, Aksou et Kashgar. La route sud quant à elle emmenait les voyageurs vers Dunhuang, Miran, Niya, Hotan et Yarkand avant d'atteindre la route de Karakoram
Alors pourquoi ces deux routes ? Eh bien, c'est tout simplement parce que la route sud faisait gagner beaucoup de temps mais elle n'était pas sécurisée. Au contraire, bien que la route nord soit plus longue, les caravaniers risquaient moins de se faire attaquer. Certains convois prenaient donc le risque de partir par le sud pour gagner du temps mais n'étaient pas sûr d'en ressortir avec toutes leurs marchandises. Cela explique également pourquoi les caravaniers voyageaient en grands groupes et avaient même des gardes.
La Route de la Soie est aujourd'hui le lieu pour un voyage touristique. On est bien loin de la route commerciale permettant autrefois de relier la Chine à l'Occident dans des conditions bien difficiles.
Plus de 2000 ans avant J.-C., des échanges avaient déjà lieu dans cette partie du globe. Cependant, le réseau de routes de la soie s'est officiellement créé sous l'empire Han (-206-220) afin de rejoindre Rome. Pendant plus de 1000 ans cette route est régulièrement utilisée pour le commerce entre les différents pays d'Asie et d'Occident.
Il fallut attendre la dynastie mongole des Yuan (1279-1368) pour que la Route de la Soie atteigne son apogée. Les Mongols ayant un grand intérêt à poursuivre le commerce sur cette route, ils assurent un passage en sécurité dans toute la région du Gansu et du Xinjiang. Ils vont même jusqu'à améliorer le statut social des marchands !
Après la chute de la dynastie des Yuan, la Route de la Soie est progressivement laissée à l'abandon. Il faut dire que la dislocation de l'Empire des Yuan n'a pas aidé. Les attaques ont peu à peu reprises dans la région du Xinjiang et du Gansu et les conflits turco-byzantins ont pris place plus en aval. Le développement maritime (CF Route de la soie maritime) a également influencé son déclin. Certains disent même que l'islamisation de cette région bouddhiste a également joué un rôle.
Le saviez-vous ? La Route de la Soie n'a pris le nom de « Route de la Soie » qu'au 19ème siècle !
Vous vous en doutez bien, la soie chinoise était l'un des principaux produits vendus le long de la Route de la Soie. Elle occupait une place tellement importante qu'on en a même donné le nom à la route ! Il faut savoir qu'à l'époque la soie était très convoitée par les pays occidentaux. Pendant des siècles, les Chinois ont réussi à garder le secret sur la fabrication de ce tissu divin. Ils étaient les seuls à fournir le monde entier. Un commerce bien profiteur !
Mais, la Chine n'exportait pas que la soie. En effet, les étrangers étaient très friands de porcelaines, d'épices orientales, de céramiques, de fourrures, d'armes en bronze et bien sûr de thés.
Les échanges s'effectuaient bien sûr dans les deux sens. La Chine achetait beaucoup d'or et de pierres et métaux précieux mais aussi de l'ivoire, du corail et même du textile.
Les caravaniers avaient un long chemin à parcourir avec leurs marchandises. En réalité, rares étaient ceux qui faisaient le trajet de Chang'an à Antioche. Généralement les caravaniers ne réalisaient le voyage que sur une partie de la Route de la Soie. Ils s'arrêtaient dans toutes les oasis sur le chemin pour revendre leurs produits puis retournaient d'où ils étaient venus. C'étaient ensuite d'autres caravaniers qui emmenaient leur nouveau butin plus en aval sur la Route de la Soie pour que les marchandises finissent enfin à bon port.
Ce n'est qu'en 2014 que la Route de la Soie a enfin été inscrite sur la liste des biens culturels du patrimoine mondial de l'UNESCO. La partie chinoise en fait partie et ce n'est pas surprenant. En effet, la Route de la Soie a permis bien plus que le mouvement de marchandises entre l'Occident et l'Asie. Les peuples ont beaucoup bougé via cette route et ont emmené avec eux leur savoir-faire, leur culture, leur religion et bien d'autres choses.
Dans la partie chinoise de la Route de la Soie, cette terre désertique s'est vue pourvue d'oasis avec des peuples variés. Pendant plusieurs siècles, le bouddhisme était la religion dominante dans la région. Les temples et fresques en témoignent. Cependant, vers le 9ème siècle, l'islam prend peu à peu le dessus. Aujourd'hui, les mosquées sont aussi nombreuses, voire plus, que les temples. Les religions se côtoient, de même que les cultures sans que cela pose pour autant un problème entre les peuples.
De nombreuses connaissances scientifiques comme technologiques pour l'époque ont même été apporté dans les régions où passait la Route de la Soie. Les langues sont également nombreuses. Rien qu'au Gansu et au Xinjiang, on y parle officiellement le mandarin aujourd'hui mais dans de nombreux endroits les populations locales ne parlent que le tibétain, l'ouïgour, le tadjik, le kazakh, ou encore le kirghiz. Les panneaux d'indications sont généralement écrits en mandarin et dans la langue locale.
Bien que la fonction principale de la Route de la Soie ait peu à peu disparue, les vestiges culturels et historiques sont extrêmement nombreux. Du fait du niveau d'aridité très fort au Gansu et au Xinjiang, les oasis laissées à l'abandon plusieurs siècles auparavant sont relativement bien conservées. Des momies datant de plusieurs millénaires ont été découvertes en parfait état !
Il n'y a donc aucune surprise que les grands vestiges de la Route de la Soie soit classés au patrimoine mondial de l'UNESCO. Il est plutôt étonnant que ce ne fut pas fait avant 2014 !
Contrairement à ce que l'on pourrait croire, ce n'est pas en s'éloignant des grandes villes chinoises que l'on économise lors de voyages. Un voyage sur la Route de la Soie revient relativement cher si vous souhaitez être dans des conditions agréables.
Pour les aventuriers, le rêve est réalisable à un tarif raisonnable en partant simplement en sac à dos. L'expérience est inoubliable mais pas des plus reposantes. Il vaut mieux avoir un bon dictionnaire (pour le mandarin mais aussi l'ouïgour) car la communication pourra s'avérer difficile, même dans les grandes villes du Gansu et du Xinjiang.
Par contre, dès que vous partez en circuit avec une agence de voyage, les tarifs grimpent vite. Et pour cause, cette région reculée de Chine est l'une des plus chers touristiquement parlant. Ce ne sont bien sûr pas les hôtels qui coûtent le plus mais plutôt la voiture. En effet, malgré la ligne ferroviaire et les nombreux aéroports de la région, toutes les attractions sont situées en dehors des villes, parfois à une grande distance de celles-ci. Il faut donc toujours prévoir d'avoir au moins un chauffeur et le coût augmente vite.
Xi'an est bien sûr très touristique mais c'est incontestablement un incontournable de n'importe quel voyage en Chine. La région du Gansu s'est relativement bien intégrée à la Chine. Les sites touristiques sont nombreux, tout comme les touristes chinois. Par contre, le Xinjiang connait encore des tensions entre les locaux et les Han. Les touristes chinois sont donc un peu moins nombreux. Les étrangers sont les bienvenus mais il y a beaucoup de contrôles. Il est donc fortement recommandé de voyager avec un guide qui a l'habitude de la situation.