Bien que les immeubles soient les habitations les plus répandues dans les grandes villes de la côte et même du centre du pays, de nombreuses ethnies gardent leurs maisons traditionnelles. Dans certaines villes, le contraste entre constructions modernes et habitations ancestrales est même frappant. Chaque type d'habitation dépend non seulement de la culture locale, mais aussi, et surtout, des conditions climatiques et topographiques de la région. Les formes, les matériaux utilisés et l'organisation dépendront donc d'éléments extérieurs aux simples goûts des locaux.
De nombreux anciens quartiers de Pékin ont été détruits pour laisser la place à de nouveaux immeubles afin de loger la population de plus en plus nombreuse de Pékin. Heureusement, quelques habitations typiques ont été préservées et offrent une idée des conditions de vie avant le développement de la capitale.
A l'époque, les gens du petit peuple vivaient dans ces quartiers composés d'un labyrinthe de ruelles donnant accès à ces maisons à cour carrée, ou siheyuan.
La cohabitation étant très importante dans la culture chinoise, ces maisons à cour carrée sont composées de quatre bâtiments renfermant une cour intérieure ; dans chaque bâtiment pouvait habiter une génération différente de la même famille. Chaque aile indiquait la position hiérarchique des personnes dans la famille. Il arrivait même que certains pavillons soient construits dans la cour pour accueillir de nouveaux arrivants.
Les Hutong qui n'ont pas encore été détruits sont principalement situés au nord de la Cité Interdite. Le quartier de Shichahai renferme certains des Hutong les mieux préservés.
La vielle ville de Pingyao a été classée à l'UNESCO pour l'exceptionnelle conservation des habitations. Ville extrêmement prospère pour son époque, les riches installés ici ont vécu dans des conditions bien plus agréables que la plupart des peuples chinois de l'époque. Les maisons en briques servaient de maisons privées et été richement ornementées.
La résidence de la famille Wang ou celle de la famille Qiao, à l'écart de la ville, sont des témoins de l'architecture traditionnelle de l'époque pour les familles riches. Le nombre de bâtiments mais aussi les détails apportés témoignent du raffinement de l'architecture afin de créer une ville miniature. Cela fait parfois penser à de petits châteaux fortifiés français.
En utilisant de la pierre, du bois et de la boue, les charpentiers du village construisent des maisons à vue d'œil, sans plan, dessin ou mesure !
Chaque maison comprend généralement trois étages : le rez-de-chaussée pour les animaux, le premier comme pièce à vivre et le deuxième pour les chambres. Cela prend plusieurs années pour construire une maison car il faut attendre six mois avant de commencer à construire chaque nouvel étage ; cette attente permet ainsi à chaque partie de se solidifier avant d'attaquer un étage plus élevé. C'est sans doute la raison pour laquelle les maisons résistent aussi bien aux séismes.
Des tours de guets, bien plus hautes et donc bien plus longues à construire, permettent de surveiller les environs et de prévenir des invasions.
On retrouve ce type d'habitations au Tibet mais aussi dans les provinces voisines. Ainsi, en se perdant dans le Sichuan sauvage, on peut tomber sur certains spécimens extrêmement bien conservés tels qu'au petit village de Taoping.
Tout comme Pékin, Shanghai possède ses maisons à cour carrée. Ici, les shikumen correspondent aux siheyuan et les lilong aux hutong. Construits au début du siècle dernier, les shikumen étaient les habitations de base pour la classe moyenne de Shanghai. Fortement influencé par la présence occidentale, le style architectural est un mélange chinois et européen qui se fond très bien dans le cadre du vieux Shanghai.
Généralement constitués de deux niveaux et d'une petite cour intérieure, les shikumen sont vite devenus des habitations communes, où plusieurs familles s'installaient. Chaque famille possédait ainsi une pièce unique tout en ayant accès à une pièce commune et à la petite cour. Encore aujourd'hui, les personnes âgées et les ouvriers modestes vivent dans ces logements vétustes.
En se promenant dans les lilong, on peut apercevoir les gens vivre dans quasiment les mêmes conditions qu'en 1920 : la vie s'effectue à l'extérieur et la toilette comme la cuisine se font sur le pas de la porte. Bien que l'électricité y soit installée, les installations restent très précaires.
L'ancienne concession française est l'un des meilleurs endroits pour admirer les shikumen. Certains endroits, comme Xintiandi, on été remis au goût du jour mais, pour des endroits plus typiques, il vaut mieux se perdre dans le labyrinthe des ruelles.
Dans cette région encore bien reculée du nord-ouest de Chine, une partie de la population ouïgoure continue à habiter dans des maisons traditionnelles. Se servant des matériaux disponibles dans cette partie désertique de Chine, les Ouïgoures vivent depuis bien des siècles dans des maisons en brique d'adobe.
Ce sont des maisons familiales à plusieurs étages qui se fondent à la perfection dans le paysage local. Véritable vestige culturel, témoin de l'architecture ouïgoure, on en retrouve un peu partout dans la région du Xinjiang. Dans les campagnes, les céréales sont même séchées sur les toitures de ces maisons !
A Kashgar, la vieille ville plonge le voyageur plusieurs siècles en arrière. A moitié adossées à la colline, ces maisons sont le cœur ouïgour autour duquel se développe le centre islamique. Les Ouïgours, très accueillants, ouvrent facilement leur porte aux étrangers pour qu'ils découvrent l'intérieur de celle-ci et partagent un moment inoubliable en compagnie de gens simples.
Dans le sud-ouest de la Chine, les nombreuses ethnies installées s'acclimatent aux conditions géographiques pour construire leurs villages. Les villages des Dong et des Miao, entre autres, sont principalement en bois ou en bambous. La région étant assez montagneuse, les maisons sont souvent sur pilotis afin de s'implanter sur les versants pentus. Le bétail peut alors s'abriter sous les maisons et même réchauffer leurs habitants.
Outre les traditionnelles maisons en bois « suspendues », les Miao et les Dong sont réputés pour leurs tours du tambour et leurs ponts du vent et
de la pluie. En effet, les villages sont généralement lovés sur les rives d'une rivière et la place centrale est occupée d'une tour.
Cette architecture exceptionnelle est encore visible dans les villages reculés du Guizhou et du Guangxi. Les conditions de transports peuvent s'avérer difficile mais quel délice pour les yeux une fois arrivé dans cette contrée montagneuse.
Dans le sud de la Chine, sur la côte, l'ethnie Hakka a construit d'immenses villages fortifiés, les Tulous.
Ces habitations communautaires sont des fermes de terre et de bois recouvertes de tuiles grises. Les Tulous sont de forme carrée ou bien circulaire avec une cour intérieure et certains peuvent accueillir jusqu'à 800 personnes ! C'étaient des sortes de tribus familiales qui s'y regroupaient et les membres se mariaient même généralement entre eux. Les Tulous étaient fortifiés afin de défendre les habitants contre les attaques de pirates, fréquentes dans cette région éloignée du pouvoir de l'empereur. Les réserves internes des Tulous pouvaient également permettre aux familles de survivre pendant plusieurs mois sans sortir de la fortification !
Situés en pleine campagne, les habitants cultivent dans les alentours du riz, du thé et même du tabac. Chaque famille possède deux ou trois pièces à chaque étage verticalement. La pièce du rez-de-chaussée est dépourvue de fenêtre étant donné que le Tulou a également une fonction défensive.
Ces premières fermes fortifiées firent leur apparition dans le Fujian à partir du XVIème siècle, sous les dynasties Song et Yuan. C'est dans cette région que l'on trouve les Tulous les mieux préservés. L'UNESCO a d'ailleurs classé 46 de ces immenses maisons de terre de la région du Fujian au patrimoine mondial. Il existe plusieurs endroits où observer ces magnifiques tulous, dont le comté de Yongding et celui de Nanjing.
Chaque endroit de Chine montre un visage différent. Au Zhejiang et au Jiangsu, il suffit de sortir des villes principales pour admirer de magnifiques villages d'eau. Là, de petites habitations en pierre blanche ou grise s'entremêlent dans un labyrinthe de canaux. Dès l'arrivée dans le village, le charme des lieux est dévoilé : ponts élancés, rivières paisibles, maisons ancestrales et tuiles foncées créent un cadre unique.
Que l'on aille à Wuzhen, Tongli ou Zhouzhuang, le même paysage y sera dépeint. Seule la tranquillité des lieux pourra varier.
Au Shaanxi et Shanxi, les habitants ont, là encore, utilisés les ressources naturelles disponibles sur place pour construire leurs maisons. Se trouvant dans le haut plateau du Fleuve Jaune, la région est très riche en loess, roche épaisse et solide du fleuve.
Les maisons troglodytes, telles qu'elles sont appelées, sont généralement des habitations creusées dans la roche. En effet, on creuse une partie de la montagne puis construit à base de pierre et de brique l'avant de la maison. Ainsi, on profite de la fraîcheur de la montagne en été et il y fait chaud en hiver. Il peut arriver que les maisons ne soient pas incrustées dans la roche mais les habitants les recouvrent alors d'une couche épaisse de loess pour les protéger des intempéries.
Encore aujourd'hui, les populations vivent dans ce type d'habitations. Elles sont même très à la mode car il est possible de les embellir et les rendre confortable très facilement. C'est d'ailleurs dans ce type d'habitation que Mao se réfugia après la Longue Marche.
Les maisons de Yan'an sont sans doute les plus célèbres mais il en reste également de nombreuses dans les environs de Xi'an.