Bien que les aspects religieux et philosophiques du confucianisme, du taoïsme et du bouddhisme aient pris le dessus dans l'esprit du peuple, l'élite chinoise qui gouverna l'Empire du Milieu eut plus une religion politique qu'une religion métaphysique au cours de la plupart des dynasties.
Contrairement à l'idée de démocratie déjà implantée en Grèce avant le début de notre ère, la politique chinoise est alors celle d'un empire où la parole n'a pas d'importance et où l'écrit prévaut. Alors qu'en Grèce des assemblées sont créées et la voix de chacun est entendue, en Chine, les personnes au pouvoir dirigent selon le légisme, c'est-à-dire l'école de la loi.
Ce cercle fermé n'est accessible qu'aux personnes qui savent écrire, c'est-à-dire les lettrés, qui, à l'époque, étaient obligatoirement issus d'un milieu social aisé.
Le légisme est différent du confucianisme qui cherche la bonne voie, qui est une approche morale de la politique et qui met l'accent sur une société harmonieuse. Le légisme est la pensée stratégique qui cherche l'efficacité et le meilleur résultat. Il se développe avec la première bourgeoisie chinoise par la recherche d'une rationalité technique et non pas morale. Il prend sa source dans la culture stratégique : comment réussir à s'enrichir, à gagner. On cherche des moyens efficaces, utiles pour diriger l'empire.
Le légisme est en fait utilisé pour bâtir un Empire puissant qui dure longtemps, qui s'élargisse et domine les autres Etats (unification de tous les Etats) avec une puissance militaire importante ; c'est donc comment gouverner par la loi.
La loi du légisme est différente de la loi occidentale. En Europe, la loi définit l'espace de liberté pour chacun et ses limites. Au contraire, dans le légisme, la loi définit ce que l'on doit faire non pas pour nous mais pour renforcer ou conserver la puissance de l'Empire. C'est donc un instrument qui assure la suprématie de l'Etat.