Le port de Canton a été l’un des premiers ports de Chine à s’ouvrir au monde extérieur à la fin du XIXème siècle. A cette époque, beaucoup de Chinois partirent travailler à l’étranger. Dans leur culture traditionnelle, les Chinois sont très attachés à leur pays natal et ont tendance à y revenir tôt ou tard. De ce fait, après avoir fait fortune à l’étranger, ces derniers sont revenus s’installer dans leur province natale. La construction de ces bâtisses atypiques remonte ainsi à cette période. Après de longues années à l’étranger, ils ont commencé à développer un certain goût esthétique pour le style occidental et se sont fortement inspirés de celui-ci pour bâtir leurs propres demeures.
Les Diaolou de Kaiping ont été érigées entre la fin de la dynastie Qing (1911) et le début du XXème siècle. Cette grande période, marquée par de fortes tensions dans tout le pays, donna lieu à de nombreuses guerres ethniques et civiles où les bandits toujours plus nombreux venaient troubler la vie des locaux. Ainsi, sous ce contexte conflictuel, les habitants aux alentours de Kaiping ont inventé les fameuses Diaolou. Les Diaolou signifiant « forteresse » ou « tour fortifiée » en chinois avaient donc deux fonctions principales : elles permettaient de prévenir et de se protéger contre l’ennemi et elles étaient aussi les demeures familiales des habitants du village.
L'immense site de Kaiping permet d’avoir un aperçu plus réel de ces immenses bâtisses dressées les unes à côté des autres. Les Diaolou n'étant pas constuites dans un seul village, les sites à visiter sont répartis dans tout le district.
Véritable témoin de l’art folklorique de la cité, le grand jardin Li (ou Liyuan) a été inauguré en 1936 par Xiewei Li, un fortuné d’origine chinoise naturalisé à l’étranger (en chinois, Huaqiao). Lorsque les voyageurs entrent à l’intérieur de ce jardin, ils ne peuvent qu’être frappés par ces maisons atypiques où l'art chinois fusionne à merveille avec l'architecture occidentale. Le jardin en lui-même vaut déjà le détour de même que les petites Diaolou appartenant chacune autrefois à une famille différente. Mais ce jardin ombragé où se faufille de petits canaux abrite également de luxueuses villas.
En flânant dans les ruelles du petit bourg de Zili, les magnifiques Diaolou se dévoilent les unes après les autres. Au total 15 maisons fortifiées, grandes ou petites, sur trois, six ou même neuf étages ont été construites ici. Souvent faites de briques et de ciment, leur style occidental se reconnait à leur couleur et aux matériaux utilisés pour leurs constructions. D’un autre côté, la forme du toit est souvent caractéristique de l’art architectural chinois. Ces dernières symbolisent ainsi la prospérité de la ville de Kaiping à l’époque moderne.
Lovées en plein cœur du bourg de Baihe, les Diaolou de Majianglong sont les mieux préservées du site de Kaiping. Edifiées dans un cadre naturel magnifique, elles s’accordent parfaitement avec l’environnement qui les entoure. Dispersées au sein du site de Majianglong qui rassemble les anciens villages de Yong’an, Nan’an, Hedong, Qinglin et Longjiang, ces dernières ont été bâties entre la fin de la dynastie Qing et le début de la République de Chine par les clans des Huang et des Guan (1912-1946).
A l’heure actuelle, environ 171 foyers, soit un total de 506 habitants, vivent paisiblement sur les terres de Majianglong. 80% d’entre eux sont des Huaqiao ressortissant de différents pays tels que les Etats-Unis, le Canada ou encore l’Australie.
Les 13 maisons fortifiées de Majianglong ont ainsi été construites à l’intérieur d’une forêt de bambous. De ce fait, en montant sur les toits des plus grandes tours, l’architecture romane des charpentes, des voûtes, et des colonnes qui maintiennent les Diaolou se dévoile petit à petit, rappelant ainsi les forêts de bambous dans le célèbre film Tigre et Dragon (« Wohucanglong », tigre accroupi, dragon caché ).